A gentle monster?

A few days ago, I read the interview given to Le Monde by Raffaele Simone whose book Le monstre doux. L’Occident vire-t-il à droite? (= The gentle monster. Is the West taking a turn to the right?) just came out in France. He starts from the realization that the European left has collapsed ideologically, psychologically, and electorally. For three main reasons: the evolution of a society given to consumption, pleasure, and selfishness; the blindness of the left regarding this evolution and the forgetting of its ideals and achievements; and the ability of the right to occupy the ground, a right that goes along both with business, especially banking and media, and the desires and fears of a consuming, self-centered population. In his interview, he refers to de Tocqueville’s prophecy about a new form of domination, which I cite here at greater length:

Je pense donc que l’espèce d’oppression dont les peuples démocratiques sont menacés ne ressemblera à rien de ce qui l’a précédée dans le monde; nos contemporains ne sauraient en trouver l’image dans leurs souvenirs. [….] La chose est nouvelle, il faut donc tacher de la définir, puisque je ne peux la nommer.

Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde: je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres: ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie.

Au-dessus de ceux-la s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre? (De la démocratie en Amérique, vol. 2, 4.6)

And especially these lines, even though the context is of an aristocratic elevation (how not to lose what constituted virtue, courage, abnegation):

Il est, en effet, difficile de concevoir comment des hommes qui ont entièrement renoncé à l’habitude de se diriger eux-mêmes pourraient réussir à bien choisir ceux qui doivent les conduire; et l’on ne fera point croire qu’un gouvernement libéral, énergique et sage, puisse jamais sortir des suffrages d’un peuple de serviteurs.

De Tocqueville and Hannah Arendt perhaps share the same notion of democracy. It doesn’t depend on notions of human rights or humanitas that look so vague and little defined in the face of the triumphant “self”. Undefined except by number and therefore in danger of being milled down to the smallest common denominator, which is the particular desires framed in infinitely repeated images.

No time to say much about this now, with classes beginning. But two surprises: the moralizing regarding over-consumption is open to suspicion. It’s not all about Berlusconi bronzing himself and ha-ha-ing with young women. And: the theme above is approached from different angles by Zygmunt Bauman and others. I especially think of Pierre Manent whose Les métamorphoses de la cité. Essai sur la dynamique de l’Occident just came out (Paris : Flammarion, 2010). He follows the four great “versions of the universal”, i.e. Jewish law, Greek philosophy, the Church, and humanity according to the modern version. For the first three, the idea of the divine is key, whereas the modern concept is suspending the notion of depth to embrace the broadest possible number, though here too the mediation of the divine still flickers, though inverted or en attente. As Manent says, a “religion de l’humanité”. More on his book later.