Je viens de lire l’émouvant recueil de lettres envoyées de 1955 à 1978 par Jean-Claude Mahé à ses parents. Ce recueil a èté numérisé par Dominique Mahé. J’ai voulu écrire un message en réponse à ce beau livre mais ai dépassé les 1500 caractères réglementaires et l’ai donc mis ici.

Un grand merci à Dominique Mahé pour avoir publié ces lettres de son frère Jean-Claude. On y reconnaît bien sûr au début les lettres hebdomadaires toutes simples que nous écrivions tous à nos parents le dimanche et qui étaient sinon lues par le préfet de discipline, du moins en mal d’imprimatur ou de visa préfectoral. Vers la fin de ses études, puis à l’armée, et surtout dans les années soixante, par exemple de 1966 à 68, les lettres deviennent remarquables. Elles sont beaucoup plus longues et réfléchies—ses lectures impressionantes y sont probablement pour beaucoup—mais le ton de respect, de reconnaissance et d’affection envers ses parents ne change jamais, sauf peut-être dans une seule lettre vers la fin, toujours aussi respectueuse et affectueuse mais au ton décidé, où il réagit à une situation probablement très difficile. Au fil des ans, il continue à partager avec ses parents ses efforts pour construire une société plus juste (syndicats, communautés de vie, profondes amitiés), ses hésitations morales, ses jugements sur la société et la religion, ses visites, les beaux paysages qu’il découvre au fil de ses nombreux voyages, et surtout ses emplois et travaux de menuiserie très variés qu’il décrit souvent pour son père, sans oublier de mentionner ici ou là sa précieuse boîte à outils… Il était émouvant de lire toutes ces lettres aujourd’hui et de se voir secoué par cet effort impressionnant pour vivre une vie en accord avec son idéal d’amour, de justice, de vérité, et de paix.