Birth of a conflict

J’ai vu hier soir le film israélien Birth of a Conflict qui retrace les origines du conflit israélo-palestinien. Deux choses qui m’ont surpris dès l’abord sont l’usage qui est fait de la musique et la rapidité du défilé d’images et de lambeaux d’interviews. Les plans se succédaien à un rythme saccadé, peut-être toutes les trois secondes. Il est difficile de se laisser emporter par un film qui veut assommer plutôt que convaincre.

Ce documentaire m’est apparu tendancieux. Il présentait d’une façon assez juste le rôle des puissances colonisatrices qui ont été obligées d’appeler mandat ce qui en réalité était une autre version de la colonisation par la Grande-Bretagne et la France. Par exemple, il montrait que l’intérêt marqué par la Grande-Bretagne pour le mouvement sioniste était en réalité guidé par le souci de garder l’Inde sous son contrôle et était loin d’être une expression de philosémitisme. Le film insistait par ailleurs sur le rôle de l’Allemagne d’avant la Première Guerre mondiale et le choix qu’elle avait fait de l’empire ottoman comme allié.

Les auteurs ont fait la part belle aux nationalismes arabes et particulièrement à Fayçal, donc aux élites, mais sans s’interroger sur l’aspect religieux de la grande révolte anti-ottomane de 1916, sans considérer le rôle des chrétiens arabes en Syrie, en Palestine ou en Irak dans ce nationalisme, ni expliquer la réaction opposée des peuples arabes et leur désir de voir s’établir un gouvernement religieux universel, ce qui explique par exemple le développement des frères musulmans en Égypte à partir de 1928.

Il me semble que cette interprétation des nationalismes arabes voulait suggérer des solutions politiques qu’un Netanyahu pouvait faire siennes. Je veux dire par-là que l’horizon de ce film était l’espoir de créer des liens économiques et culturels avec les états qui ont hérité de la situation mise en place par la Grande-Bretagne et la France après la Première Guerre mondiale—d’où l’intérêt relatif pour les mouvements nationalistes—,mais sans se préoccuper des espoirs du peuple palestinien—particulièrement de leur désir de liberté—et en les abandonnant à leur sort. En ce sens, le film avait en partie raison de présenter Israël et la Palestine comme le fruit d’un marché de dupes où le même fondement de l’état—la terre et son histoire—, avait été promis à deux peuples qui en réalité partageaient une histoire à la fois très longue et très compliquée. Mais alors il faut aussi noter que ce film ne parle nulle part de l’achat de terres arabes par le fond juif. Plus généralement, le film ne montre aucun intérêt, ou si peu, pour le peuple palestinien et la situation catastrophique qui lui est faite. Peut-être pourra-t-on éventuellement le re-baptiser Birth of Two Nations [On a Promised Land].

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