banlieues de l’être

Hike along the beautiful Clinton River north of Troy (MI). From the road that leads to it, I see huge suburbs with identical houses, surrounded by greenery and trees. Two levels of salary, it seems to me, from the dimensions of the houses and the number of garage doors, as well as the area of the lot. Here and there, I get a glimpse of the regime above, for example vast mansions on lakesides, or the regime below, usually mobile home parks or very modest houses that preceded these new suburbs built in the seventies to the nineties. Difficult to imagine living there: where to walk to meet others, how to make friends if not in the malls or perhaps places with religious themes punctuating this huge space from at least the tenth mile until the fifteenth or sixteenth. Going to work, to school, to shops, everything has become transport outside oneself. No more “home” where one has the sense of residing, of transforming what one has in what one can be, of appropriating landscape and construction as being of oneself, at least partially. One is more and more intensely projected below and beyond a self that escapes the reach of tools of communication which to the services of research (Google) or of self-promotion (Facebook) add refinement upon refinement of desires of presence that they sell to the highest bidder. The stock market value of these smugglers, carriers and marketers of images and desires, according to what I read recently, is about two trillion dollars, just over half of the annual budget of the US government, or about 10% of the country’s economy (Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet-Google, Facebook).

French

Balade le long de la belle rivière Clinton au nord de Troy (MI). De la route qui y mène, je vois d’énormes banlieues aux maisons identiques, entourées de verdure et d’arbres. Deux niveaux de salaire, ce me semble, à la grandeur des maisons et au nombre de portes de garage, ainsi qu’à la surface du lotissement. Ici et là, j’ai un aperçu du régime au-dessus, par exemple de vastes demeures au bord de lacs, ou du régime au-dessous, généralement des parcs de maisons tractées (= mobilhomes) ou des maisons très modestes qui ont précédé ces nouvelles banlieues construites depuis les années soixante-dix aux années quatre-vingt-dix. Difficile de m’imaginer y vivre: où aller à pied à la rencontre d’autres, comment se faire des amis sinon dans les malls ou peut-être les lieux à thèmes religieux ponctuant cet espace énorme depuis le dixième mille au moins jusqu’au quinzième ou seizième. Aller au travail, à l’école, aux magasins, tout est devenu transport au dehors de soi. Plus de “home” où on a le sens de demeurer, de transformer ce qu’on a en ce qu’on peut être, de s’approprier paysage et construction comme étant de soi, au moins partiellement. On est de plus en plus intensément projeté en-deça et au-delà d’un soi introuvable par les outils de communication qui aux services de recherche (Google) ou de “rapprochement” (Facebook) ajoutent raffinement sur raffinement de désirs de présence qu’ils vendent aux plus offrants. La valeur en bourse de ces trafiquants, transporteurs et fomenteurs d’images et de désirs, d’après ce que j’ai lu récemment, est d’environ deux mille milliards de dollars, soit un peu plus de la moitié du budget annuel du gouvernement des États-Unis, ou environ 10% de l’économie du pays (il s’agit de trois grandes compagnies de messagerie et deux d’électronique: Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet-Google, Facebook).