Wind

This morning, I was sent a wind map of the United States that showed ever-changing streaks of moving air, including hurricane Isaac. To look at the movement of air as waving grey capillaries made me wonder again about the historian’s point of view, the location from which I dare survey a given slice of life or lives. From my heart and head, especially the latter, unfortunately. When I survey the conglomerated lives of ancient Israel and Judah and attempt to make of it a history, am I trying to compose something like the wind map linked to above, which gives both a sense of wonder and the illusion of sharing a moment with the divine, all-encompassing eye? Or am I following a thin strand or two for an exhilarating and extenuating ride, and losing it as soon as I think I’m on it? Yet I know I want to feel this unseen the poet invokes in Song of the banner at daybreak:

Fresh and rosy red the sun is mounting high,
On floats the sea in distant blue careering through its channels,
On floats the wind over the breast of the sea setting in toward land,
The great steady wind from west or west-by-south,
Floating so buoyant with milk-white foam on the waters.
But I am not the sea nor the red sun,
I am not the wind with girlish laughter,
Not the immense wind which strengthens, not the wind which lashes,
Not the spirit that ever lashes its own body to terror and death,
But I am that which unseen comes and sings, sings, sings,
Which babbles in brooks and scoots in showers on the land,
Which the birds know in the woods mornings and evenings,
And the shore-sands know and the hissing wave, and that banner and pennant,
Aloft there flapping and flapping.

Garbini on Israel

Je relis un livre fascinant de G. Garbini, History and Ideology in Ancient Israel (1987) dans lequel il dénonce très justement à mon goût l’emprise de la théologie sur l’historiographie moderne quelle qu’elle soit quand il s’agit de la Bible. Ici ou là, je remarque cependant plusieurs mots ou phrases qui n’ont pas raison d’être: “Jewish scholars…”: pourquoi pas “scholars” tout court? Les savants juifs n’ont-ils pas été à la pointe de la critique historique pour ce qui est de la Bible, en commençant par Spinoza? La rédaction finale de la Bible n’a pu se faire que très tard—après l’exil, et même beaucoup plus tard—, et les premiers documents de type annales qui s’attachent à décrire les événements du début du premier millénaire font déjà une réinterprétation et un choix dictés par les besoins politiques de la maison royale. On ne peut donc leur faire confiance comme le voudraient la grande majorité des historiens spécialistes de la période. C’est dans le creuset de l’exil qu’Israël a réinterprété son “histoire”, ou plutôt se l’est constituée (se l’est inventée, comme le dit d’autre manière Mario Liverani dans son Israel’s history and the history of Israel, 2005), réemployant par exemple le mythe babylonien de création, sous sa forme très tardive, comme point de départ de sa propre histoire…. etc…. L’extraordinaire à mes yeux est à quel point les Hébreux, d’Israël et de Judée (mais ce sont déjà les Juifs, constitués comme tels déjà sous les Perses et plus encore sous les Grecs) ont développé les traits monothéistes de leur religion. On sera alors tenté d’en attribuer l’origine aux influences perses, et de diminuer l’importance des prophètes. N’est-ce pas E. Meyer qui proposait déjà cela il y a plus d’un siècle? Que fait Garbini des prophètes du VIIIe s.? Réponse: il ne les élimine pas, admet que le mouvement vers le monothéisme, un hénothéisme d’abord, a été commencé en partie par eux… Il est curieusement peu critique quand il s’agit de la littérature prophétique.

Samson in Ḥuqoq

In Ḥuqoq (Yaqûq in Arabic), a little to the NW of the Sea of Galilee, the second season of excavation at the 4-6th c. CE Byzantine site by a team working under the direction of Professor Jodi Magness from the University of North Carolina and Dr. David Amit from the Antiquities Authority brought to light an ancient synagogue and a stunning fragment of a large mosaic floor illustrating the story of biblical Samson, featuring e.g. the tails of paired foxes bound together with a burning torch. A Hebrew inscription in white letters on black background appears between two medallions presenting the faces of two women. According to the July 2012 news release from the Israeli Antiquities Authority, from which I’m quoting, the six-line inscription (I see only five lines) is a blessing, something like: “In all your good deeds, may your labor … peace” In the photograph, I see:

  1. שחן…… (at least 6 letters missing?)
  2. מ….. בכל
  3. מצותכן יחא
  4. …עמלכן וא (last letter a lamed?)
  5. ?..ל..?

The town of Ḥuqoq is known from the talmud, especially the Yerushalmi: e.g. Shevi`it 38c. See Shmuel Klein, Sefer hayishuv (part 1. Jerusalem: Bialik/Dvir, 1939; reprinted in 1977): 43; Gottfried Reeg, Die Ortsnamen Israels nach der rabbinischen Literatur (Wiesbaden: Dr. Ludwig Reichert Verlag, 1989): 248–49. Mentioned also in Eusebius’ Onomasticon as Εἰκώκ (Klostermann’s 1904 ed.: 88.7), Icoc in Jerome’s translation. Michael Avi-Yonah, Gazetteer of Roman Palestine (Qedem, No. 5, 1976): 66; M. Avi-Yonah, Historical geography of Palestine (Jerusalem: Bialik, 1984, in Hebrew): 141; Salomon E. Grootkerk, Ancient sites in Galilee: a toponymic gazetteer (Leiden: Brill, 2000): 235; Tsafrir, Y., Segni, L. D., & Green, J. Tabula Imperii Romani Iudaea–Palaestina: Eretz–Israel in the Hellenistic Roman and Byzantine Periods. Maps and Gazetteer (Jerusalem: Israel Academy of Sciences and Humanities, 1994): 148, with more bibliography.

Again according to the news release, the existence of an ancient synagogue in Ḥuqoq was known from 13–14th c. R. Estori ha-Farḥi’s account in his book Kaftor va-Feraḥ (Bud and flower) (fantastic!) and from early 20th c. archaeological surveys.

Flour

Je vais au café-boulangerie du coin vers 7h15. Un grand camion citerne chromé venant de l’Illinois attend près du café. C’est un chargement de farine qu’il va injecter dans les réservoirs de cette boulangerie. Il est encore un peu tôt et le chauffeur attend dans sa cabine. Je prends mon café et lis le New York Times dont une lettre à l’éditeur qui avertit les autorités américaines de ne pas confondre l’élite très étroitement constituée avec laquelle elles négocient depuis Kissinger-Nixon et une Chine où plus d’un milliard de Chinois espèrent une vie moins abrutissante et asservissante. Je sors du café. Le moteur auxiliaire du camion siffle, un gros tube flexible va du camion dans la boulangerie, le chauffeur debout près de l’arrière de l’engin consulte un petit portable (téléphone et programme?) et tape avec un long marteau à tête de caoutchouc sur la citerne. Ce geste m’étonne dans la série d’actions techniques qui, je le sais bien, visent à tout transformer en un flux automatisé et contrôlable à distance, depuis la préparation du sol dans les grandes plaines du Midwest à la préparation de la farine, en passant par la moisson. Les parois intérieures des citernes ne sont pas assez lisses et la coulée de la farine demande une intervention humaine plus directe.

En marchant vers la maison tout en lisant des articles de politique intérieure américaine, des bribes d’une autre articulation du corps humain au gluten des graminées me reviennent. Le long travail difficile de la préparation des emblavures, la moisson en partie à la faux, le long des talus, pour faciliter le passage de la lieuse, les javelage, transport, entassage, battage, pesage et port des sacs à dos d’homme aux hauts greniers où le grain passait l’hiver. Une trentaine de sacs (je ne suis pas sûr de la quantité) était mise de côté et chargée sur un “plateau” que deux chevaux tiraient jusqu’au moulin des Quatre-vents de Langoat où le Jaudy et la roue faisaient leur office. Cette farine était livrée à Jean Abraham, boulanger à Pommerit. L’enfant était fasciné par la fluidité du grain qui coulait des sacs et son mouvement depuis la trémie par l’auget sur la meule en mouvement perpétuel. La sueur coulait aussi “à flots” mais par moments, là où l’articulation du corps au monde était la plus courte ou la plus simple.

J’écoute la Rose des vents d’Osvaldo Goligov, jouée par le Cabrillo Festival Orchestra et dirigée par Marin Alsop, œuvre dans laquelle des shofars et autres instruments non classiques ont un rôle déconcertant. Rappel que les grandes sections de l’orchestre—mélodiquement et harmoniquement réglées—ont des ancêtres qui pouvaient crier ou danser? Ou invitation à penser que les grandes plages lisses de son que produisent cordes, vents et cuivres et qui expriment la mise en flux de toute notre vie nous font oublier des gestes originaires, comme l’appel d’une corne. Tout en pensant à ce long flux entubé de gluten et la mise à distance systématique des conditions physiques de notre vie, je tape ce filet de mots sur un ordinateur fait en Chine et dieu sait où encore: ceci fait partie du flot dont il est question plus haut.