Sowing wisdom

Comme le cultivateur intelligent, tel qui a la science des choses justes, belles, et bonnes, ne va pas sérieusement aller écrire ces choses avec de l’eau, noircissant de son semoir-calame des discours incapables de se défendre, incapables même d’enseigner la vérité: οὐκ ἄρα σπουδῇ αὐτὰ ἐν ὕδατι γράψει, μέλανι σπείρων διὰ καλάμου μετὰ λόγων ἀδυνάτων μὲν αὑτοῖς λόγῳ βοηθεῖν, ἀδυνάτων δὲ ὶκανῶς τἀληθῆς διδάξαι. Non, ce qui est probable c’est que comme par jeu il ensemencera ces jardins de lettres et écrira lorsqu’il le jugera nécessaire afin d’engranger des souvenirs s’il atteint un jour l’oublieuse vieillesse, pour lui ainsi que ceux qui suivent le même chemin: ἀλλὰ τοὺς μὲν ἐν γράμμασι κήπους, ὡς ἔοικε, παιδιᾶς χάριν σπερεῖ τε καὶ γράψει, ὃταν [δὲ] γράφῃ, ἑαυτῷ τε ὑπομνήματα θησαυριζόμενος είς τὸ λήθης γῆρας ἐὰν ἳκηται, καὶ παντὶ τῷ ταὐτὸν ἴχνος μετιόντι.} (Phèdre, page 148 du texte de la collection des Belles Lettres en format de poche, établi par C. Moreschini, dont je n’ai pas trop suivi la traduction.)

Il s’agit ici des jardins d’Adonis dont Socrate parle plus haut dans Phèdre et qui sont un raccourci agréable mais non pratique de la véritable agriculture. Cette méfiance envers tout ce qui est rapide et enthousiasmant et la préférence pour les ensemencements en terre profonde, par la parole qui tombe au creux du cœur (l’organe de la mémoire en hébreu), se retrouvent dans la parabole du semeur de Marc 4.

Comme me le rappelle un ami: Tchouang-Zi (Taoïsme savant) écrivait: “Seul le chemin lentement parcouru est réellement parcouru!” Et Rabelais , dans son Quint Livre évoquait déjà “les parolles gelées”! avant le disque! On trouve le thème chez Montaigne.